« Nous voudrions VOIR Jésus »

Homélie du 5e dimanche de carême B

Ce désir des grecs en pèlerinage à Jérusalem, c’est Philippe qui le transmet à André, et tous les deux vont le dire à Jésus. Nous avons là comme un résumé limpide de l’expérience chrétienne : rencontrer Jésus, une rencontre qui passe par des personnes. On n’arrive pas à Dieu sans passer par les autres.

Nous pouvons ce dimanche nous poser une première question : par quel chemin(s) avons-nous rencontré Jésus ? Par quelle personne, quelle conversation, quelle souffrance traversée ou quelle joie, par quelle prise de conscience ? Nos réponses nous aiderons à rendre grâce à Dieu et à nos frères !

Philippe, quant à lui, manifeste quelque chose de la mission du chrétien dans le monde : le croyant est appelé à « montrer Dieu », à être comme un « agent de liaison » entre l’homme et Dieu.

Il ne s’agit pas nécessairement de « faire quelque chose », mais d’être, d’une manière telle que les autres – en nous voyant – peuvent cheminer vers Dieu.

Nous pouvons nous poser deux autres questions qui seront comme un « examen de conscience » en ce temps de carême. « Avons-nous été chemin de rencontre avec Dieu, ou un obstacle sur ce chemin, entre nos frères et Dieu ?

Les grecs voulaient « voir Jésus » ; mais il ne peut s’agir de chercher à le voir par simple curiosité ! Hérode lui-même a souhaité voir Jésus. « Voir Jésus », c’est vraiment pénétrer le secret de Dieu, voir de Jésus le mystère de sa personne… et c’est sur la croix que se révèle vraiment sa gloire !

Intérioriser le mystère de Jésus en regardant un crucifix « les yeux dans les yeux ». Voir ce Dieu qui s’est fait homme et est descendu « au plus bas » de l’homme, cet homme qui ests devenu obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une croix. C’est ainsi qu’il est devenu cause de notre salut éternel, pour l’humanité de tous les temps et de toutes les latitudes.

Ce cinquième dimanche de carême, et ce passage d’évangile qui nous montre un Jésus troublé face à sa mort toute proche, c’est aussi notre entrée dans le temps liturgique de la Passion.

Cette passion de Jésus est bien évidemment un temps de souffrances ; mais il est aussi le temps de cet amour passionné qui pousse Jésus à se donner tout entier pour notre salut.

C’est en passant par la solitude du tombeau, comme le grain de blé tombé en terre, que Jésus se fait « promesse de vie ». Il faut mourir afin de vivre !

Serai-je une semence perdue dans une armoire, stérile ?

Ou serai-je prêt à mourir, et à devenir ainsi porteur de vie et d’avenir ?

Dans son évangile, Saint Jean unit l’élévation de Jésus sur la croix et son entrée dans la gloire du Père. « Lorsque je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes »

Il exerce sur nous tous une attraction. Mais alors que l’attraction terrestre peut détruire ce qui s’approche trop de la terre (en l’écrasant à sa surface)… l’attraction de Dieu sur nous c’est pour nous tirer vers le meilleur, nous attirer vers la plénitude de notre être.
Toute vie d’homme peut devenir une montée, une rencontre, un rendez-vous avec Dieu.

C’est cet objectif que nous sommes invités à montrer, en faisant ce pas nous-mêmes, à la suite de Jésus !

Jean-Pierre Leroy

Il vient !

Homélie pour le 2e dimanche de l’Avent B – 6 décembre 2020

La nuit dernière, beaucoup d’enfants ont préparé dans leur cœur et dans leur maison le chemin pour… Saint Nicolas ! J’espère qu’ils ont été sages et que le grand Saint ne les a pas oubliés.
Quel rapport avec l’Avent ? me direz vous. Et bien c’est l’attente active.

Nous attendons la venue du Seigneur, mais pour cela nous devons nous remuer : pas question d’attendre le retour du Seigneur dans la résignation et l’inaction.
Certes, il viendra comme un voleur, nous écrit Saint Pierre. Mais le même apôtre nous rappelle quels hommes (femmes) nous devons être : vivre dans la sainteté et la piété pour hâter l’avènement du Jour de Dieu. Ciel nouveau et terre nouvelle, mais pas sans nous !

L’évangile de Marc reprend les mots d’Isaïe, le grand prophète : « préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Les ravins, ceux de nos manques, doivent être comblés : pensons à nos manques de charité, de fraternité… aussi nos oublis de rencontrer Dieu dans la prière. Le temps de l’Avent, Jean Baptiste nous le rappelle, est un temps favorable pour rencontrer Dieu plus régulièrement, plus intensément. Mais aussi pour nous rapprocher des autres, même si les règles de confinement nous retiennent. C’est le moment d’être inventifs, innovants, pour rencontrer les autres, leur manifester notre présence, notre amitié… quand même !
Et les montagnes, celles de notre orgueil qui prend parfois la dimension d’un obstacle infranchissable… il s’agit de les abaisser. Pas seulement pour nous permettre d’avancer. Mais d’abord pour laisser la place au Seigneur qui vient.

Car c’est bien le « commencement de la Bonne Nouvelle (euaggelion) de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Celui dont Jean Baptiste ne se sent pas digne de s’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales… Celui qui nous baptisera dans l’Esprit Saint.

L’Avent, ce n’est pas la préparation d’un réveillon, ni même d’une fête de famille (aussi importante soit-elle). L’avent, c’est l’attente active d’un avènement : celui du Christ, le fils de Dieu.
Et il compte sur nous pour être des petits Jean Baptiste qui interpellent, qui témoignent en abaissant les collines et en comblant les ravins qui nous séparent de Celui qui vient.

Nous allumons ce dimanche une deuxième bougie sur nos couronnes d’avent. N’est-ce pas celle de la patience de Dieu ? Nous chantons souvent à Noël « depuis plus de quatre mille ans… nous attendions cet heureux temps ». N’est-ce pas plutôt Dieu qui nous fredonne aujourd’hui : « depuis si longtemps je patiente, car je ne veux pas en laisser quelques uns se perdre, mais que tous parviennent à la conversion » ?

Alors levons-nous aujourd’hui, élevons la voix. Ne revendiquons pas pour nous, mais annonçons, par notre vie, par notre amour de Dieu et des autres, par la fraternité entre nous… « Voici votre Dieu ! Il vient ! »

Jean-Pierre Leroy