La Pentecôte (50e jour)…
…clôt le temps pascal qui a débuté la nuit de la résurrection.
Demain, le cierge pascal sera éteint et déposé au baptistère : on ne l’allumera plus que lors des baptêmes, et funérailles, Pâque des baptisés.
L’évangile d’aujourd’hui nous ramène au soir de Pâques : la première apparition du ressuscité. Saint Jean situe l’effusion de l’Esprit sur les apôtres au soir de Pâques, lors de sa première apparition. Mais il répand déjà l’Esprit sur l’Église, lorsqu’il « remet son souffle entre les mains du Père » sur la croix.
La première lecture, celles des actes, nous transporte cinquante jours plus tard : lorsque les apôtres sont confinés avec Marie au Cénacle, la chambre haute où ils se sont enfermés par crainte des Juifs.
Ces cinquante jours, ce temps pascal est déjà le temps où l’Esprit Saint est à l’œuvre. Jésus ne dit pas grand-chose lors de ses apparitions… il n’agit pas non plus, ou si peu. D’ailleurs, les apparitions du ressuscité ne sont lues que la première semaine de Pâques : il n’y en a pas plus…
Lorsque Jésus ressuscité apparaît, c’est pour fortifier la foi de ses amis… et le 40e jour, il disparaît à leurs regards : c’est l’Ascension.
Dans la liturgie d’aujourd’hui, la Parole nous parle de l’Esprit comme une force d’expansion communautaire et comme un principe d’!intériorisation.
1. L’Esprit agit à l’intérieur de nous mêmes
Il remplit notre cœur du feu de son amour.
Dans une maison, la chaudière occupe une humble place : une cave ou un réduit bien dissimulé. Elle est petite et discrète, mais c’est pourtant elle qui réchauffe toute la maison. Si elle vient à tomber en panne, on s’en rend compte tout de suite, de la cave au grenier !
L’esprit agit un peu comme cela : c’est au cœur qu’il nous touche et nous travaille. Mais sa présence en nous irradie tout notre être : cœur, pensée, intelligence, sentiments, actions… Il est devenu, depuis notre baptême et notre confirmation, notre « principe vital », le feu qui brûle en nous la paille de ce qui est futile ou mauvais ; la source vive qui régénère ce qui est vieilli, aigri, et rafraîchit ce qui est bon.
2. L’Esprit nous pousse vers l’extérieur
Il est force d’expansion pour l’Église, le Peuple de Dieu.
De la petite cellule du départ (12 apôtres et Marie) il fait un corps multiséculaire et international !
L’Esprit remplit l’univers et sanctifie l’Église. Dans l’Église et dans le monde, là où on l’accueille vraiment, l’Esprit est le feu qui brûle et détruit ce qui est mauvais, il est aussi la source qui rajeunit.
J’aime terminer par une petite méditation d’Athénagoras, Patriarche de Constantinople, celui qui a levé, en même temps que le Pape Paul VI, l’excommunication qui avait séparé les chrétiens d’Orient et d’Occident.
Sans le Saint Esprit,
Dieu est lointain,
Jésus est dans le passé
et l’Évangile reste lettre morte.
L’Église n’est plus qu’une simple association,
l’autorité, une forme de domination,
la Mission, une vulgaire propagande,
la liturgie, une conjuration des esprits,
et la vie chrétienne, une morale esclavagiste.
Oui, demandons une abondante effusion de l’Esprit sur l’Église toute entière et sur nous mêmes personnellement ! Que Dieu soit tout proche de nous, que Jésus soit présentement avec nous, que l’évangile soit toujours parole vivante. Alors, l’Église, loin d’une association, sera un Corps, une famille, l’autorité nous fera grandir, la Mission éveillera les consciences. Nos liturgies se laisseront habiter par l’unique Esprit, celui de Jésus, et notre vie chrétienne sera témoignage de liberté, de sagesse et de force pour traverser les épreuves. Ainsi soit-il.
Jean-Pierre Leroy
Solennité de la Pentecôte (A) *** 31 mai 2020