Quand il rompit le pain…

Ce dimanche 26 avril, nous devions célébrer la première des communions des enfants de Sprimont. Je pense d’abord à eux qui, avec leurs parents, les catéchistes et nos communautés paroissiales ont cheminé ces derniers mois en prévision de ce grand jour. Ils vont devoir encore patienter jusqu’à la rentrée de septembre, si… tout va bien. Mais Jésus est déjà présent à eux, en communion avec eux comme il l’était avec Cléophas et son compagnon sur la route d’Emmaüs.

Justement, l’évangile de ce dimanche a un lien particulier avec ce que nous vivons dans chaque eucharistie. Il est bâti, selon certains spécialistes, sur le déroulement de nos assemblées du dimanche. Voyez plutôt…

1. Nous en faisons l’expérience par leur absence, un peu par l’absurde : Christ ressuscité nous rejoint lors de nos rassemblements. « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, JE SUIS là au milieu d’eux » dit Jésus.
Cléophas et son compagnon (ils sont deux!) ont quitté le groupe des disciples confinés à Jérusalem. Ils rejoignent leur ville d’origine, puisque tout est fini avec Jésus… et leur chemin passe par Emmaüs. C’est Jésus lui-même qui les rejoint sur ce chemin ; mais comme lors de chaque apparition du ressuscité,
les « bénéficiaires » ne le reconnaissent pas ! En fait, nous aussi, quand nous nous retrouvons à l’église pour la messe, nous ne nous rappelons pas toujours que c’est Jésus qui nous accueille. C’est peut-être pour cela que le prêtre nous dit « le Seigneur soit avec vous », si souvent, pendant la messe !

2. Le personnage le plus important, dans ce récit, ce n’est pas un homme, mais le chemin : celui qui conduit du désespoir à la rencontre, de Jérusalem à Emmaüs. « Il faut marcher de très longues routes » chantons-nous parfois, pour mieux connaître le monde, pour mieux nous connaître nous-mêmes, pour mieux rencontrer Dieu, et les autres.
« Ici bas, vous résidez en étrangers » nous dit l’apôtre Pierre, dans la deuxième lecture. Nous somme des « παρόικιοι », littéralement des gens qui « habitent à côté » du monde où nous vivons.  C’est de ce mot que viennent notamment les termes de « paroisse » et « paroissien.ne ».  Car nous sommes « dans le monde » sans être « du monde » : pour arriver à bien le vivre, il nous faut aussi parcourir un long chemin. Il nous arrive même de nous sentir comme étrangers pour nous-mêmes !

Sur ce long chemin, de découvertes en découvertes, une Parole nous rejoint, une Parole à ruminer, à laisser résonner dans nos cœurs et nos intelligences pour qu’elle puisse nous transformer. « Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! ». Quand nous lisons la Parole de Dieu, surtout lorsque nous sommes rassemblés en Église, mais même si nous sommes seuls dans notre maison : Dieu s’approche, il chemine avec nous, il éclaire notre chemin, notre horizon aussi.

3. « Ils le reconnurent quand il rompit le pain »
Le « geste central » de nos eucharisties, ce n’est pas quand nous « prenons » ou « recevons l’hostie » (comme je l’entend parfois expliquer aux petits). Le geste central de nos eucharistie, c’est la fraction du pain.

Rompre le pain : tout un symbole !
Déjà humainement, le pain est riche de la présence de tous ces grains de froment, dispersés dans les champs, réunis au moulin pour être broyés, transformés en farine, pétrie avec l’eau (comme celle de l’Esprit saint qui nous réunit), cuit au four.
Partagé entre les personnes, il fait de nous des co-pains
(ou copines!) ; n’est-ce pas déjà une comm-union entre ceux qui le partagent ?

Quand ce pain nous dit Dieu, quand il devient sacrement de sa Présence, il porte à lui le fruit de la terre et du travail des hommes, toute notre vie, notre « pain quotidien ».
Le pain que Dieu nous donne, celui que Jésus a multiplié pour les foules affamées, il est rompu, comme le Christ sur la croix et donné en nourriture pour nous garder en vie et faire grandir sa Vie en nous.

4. Toutefois, l’histoire ne se termine pas à l’auberge d’Emmaüs.
C’est la nuit qui les avait arrêtés là : « le soir s’approche et déjà le jour baisse ».
Mais après avoir reconnu Jésus ressuscité, ils se remettent aussitôt en route vers Jérusalem, malgré la nuit ! Pour eux, elle n’est plus un obstacle.
N’ayons pas peur non plus de (re)prendre la route dans la nuit. Nuit de la pandémie, de la mort d’un proche, du (dé)confinement, de l’isolement, de nos églises vides…

Dieu, le Christ ressuscité du matin de Pâques, éclaire notre vie !

Jean-Pierre Leroy

Une réflexion sur “Quand il rompit le pain…

  1. Carine Collin-Janssen ( Berloz)

    Je suis maman kt et je suis bien triste de cette situation…en septembre dernier nous avons avec notre prêtre lancé l’idée de faire la continuité entre 1ere communion et Profession de foi(9ans 11ans) merci pour ton commentaire jean Pierre qui me rassure! Tout est arrêté et cela m’attriste au plus au point! Mais je sais que notre Dieu est avec nous, qu’Il pleure et souffre avec nous, il est plus que jamais à nos côtés. Le désert où il s’est retiré durant 40 jours pour prier est l’image de notre vie de foi en ces moments de confinement. Merci a toi pour ce que tu nous partages dans tes commentaires ça nous rend vraiment disciples du Seigneur!

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