C’est à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine que les deux Marie viennent discrètement au tombeau de Jésus.
Il y a un grand contraste entre cette discrétion des femmes et le caractère spectaculaire de l’évènement dont elles vont être les témoins.
Nous aussi, cette année, nous nous sommes faits discrets… confinement oblige ! Quelle contraste avec les chants de notre chorale les années précédentes et la joie d’être tous ensemble pour célébrer le Ressuscité du matin de Pâques !
1. Mathieu semble jouer des « effets spéciaux » pour nous faire goûter l’inouï de l’évènement : tremblement de terre, apparition d’un ange, pierre qui roule et gardes tremblants comme des feuilles. Toutefois, pas plus que les autres évangélistes, Mathieu ne nous dit rien de l’instant de la résurrection, seulement la découverte du tombeau qui est déjà vide.
Ce mystère central de notre fois, nous ne pouvons le lire « qu’en creux », comme le tombeau qui est vide !
Ce mystère de Pâques, nous ne pouvons en faire le tour, nous ne pouvons que cligner des yeux pour le voir… mais pas en face, seulement de dos, car ce mystère nous dit Dieu lui-même.
Mystère, vient d’un mot qui signifie « cligner des yeux » (un peu comme les films à suspense de mon enfance, que je regardais à travers mes mains, pour pouvoir me cacher, de peur).
Ce mystère relève uniquement de notre foi !
2. Et puis, il y a la parole de l’ange, qui est la même que celle de Jésus ressuscité : « Soyez sans crainte ! » Jésus dira aussi, aux disciples confinés dans le cénacle « la Paix soit avec vous ».
Alors que les morts-vivants, les zombies des films d’horreur ou du folklore d’haloween, sèment la peur autour d’eux, notre Ressuscité du matin de Pâques vient bannir la peur et apporter sa Paix.
Bien sûr, la paix qu’il nous donne ne peut pas nous distraire des mesures drastiques que la pandémie fait régner dans notre société : il faut raison garder ! Mais cette libération d ela peur atteint notre cœur profond et y fait grandir la Vie plus forte que la mort.
3. Cette nouvelle reçue par les femmes engendre en elles la crainte en même temps que la grande joie. C’est ainsi que les philosophes caractérisent la réponse de l’homme devant le sacré : fasciné et tremblant (fascinans et tremendum). Les deux Marie ont presque « touché du doigt » le mystère de Dieu, cela suscite la crainte révérencielle, non pas une peur, une phobie, mais un profond respect devant Dieu qui se révèle.
4. Enfin, l’ange et Jésus ressuscité s’entendent pour demander aux femmes « dites aux disciples de se rendre en Galilée » « voici qu’il vous précède en Galilée ».
Les trois évangiles synoptiques nous livrent la même parole du ressuscité. Mais sous la plume de Mathieu, celle-ci prend une tournure particulière car son évangile s’adresse à des chrétiens issus du Judaïsme. La Galilée, carrefour des païens, n’avait pas bonne réputation, et c’est là pourtant que Jésus les attends, nous attends.
Comme à la transfiguration, lors de l’annonciation ou lors de notre propre vocation, la bonne nouvelle ne peut nous laisser « statiques », mais elle nous envoie « aux périphéries », là où le Royaume est en train de s’étendre.
Nous qui avons été plongés dans la mort de Jésus au baptême, pour renaître avec lui à la vie nouvelle, Il nous invite à regarder vers les choses d’en haut, celles de Dieu.
Même quand les circonstances nous tirent les pieds sur terre et nous rappellent notre faiblesse, gardons le cœur et la tête au ciel : il est Vraiment ressuscité, ALLÉLUIA !
Jean-Pierre Leroy
Merci de nous rappeler que le mystère reste entier, qu’il nous faut cligner des yeux pour deviner , que nous devons humblement faire acte de foi pour croire , oublier notre rationalisme pour pouvoir dire » il est ressuscité ! »
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