Depuis deux semaines, nous sommes « confinés ». Et nos places, nos rues, nos campagnes sont peu à peu désertées, vides : tout semble s’arrêter, même la pollution, le bruit. C’est un peu comme quand quelqu’un meurt dans une famille : pendant quelques jours, tout s’arrête, tout est marqué par le deuil que l’on vit (même si aujourd’hui on ne « porte plus le deuil »).
A cela près que ça durera plus que quelques jours…
A cela près que ceux qui perdent un être cher en ces jours troubles ne peuvent pas vraiment « faire leur deuil », entourés par leur famille, consolés « de tout près » par des présences amies. Et même, les malades, les personnes âgées meurent toutes seules à l’hôpital ou à la maison de repos (parfois chez eux)… les visites sont interdites (écoutez à ce propos le poignant témoignage de Fabrice Grosfilley qui vient de perdre sa maman).
Aujourd’hui, cette ambiance insolite ne concerne pas seulement quelques familles en deuil, mais elle couvre d’un voile de ténèbres toute la société, le monde même, touché pays après pays.
C’est dans cette ambiance étrange que rugit le prophète Ézéchiel : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez. »
A force de faire de la religion une morale (de préférence sexuelle) ou, pire, une affaire privée, n’a-t-on pas oublié que la foi chrétienne est une question de vie ou de mort ? Ou même de la vie plus forte, victorieuse de la mort ? Cela ne peut pas résonner seulement dans des cénacles bien fermés (confinés?), mais cela doit faire écho dans toute la société, dans le monde entier (comme le comprendront les apôtres et Marie au matin de Pentecôte!).
Par la voix d’Ézéchiel, Dieu a promis son Esprit pour redonner vie à son peuple en exil, pour le faire sortir de son tombeau et de l’ombre de la mort, comme autrefois Moïse avait conduit le peuple hors de l’esclavage en Égypte.
Par la main de Jésus, par sa parole, Dieu accomplit sa promesse : il fait sortir Lazare du tombeau et le relève de la mort. C’est que la vie n’est pas faite pour être confinée dans les tombeaux (nous en faisons l’expérience par l’absurde). La vie est faite pour éclater, se propager aussi vite et plus fort que la pandémie qui nous contraint de vivre cette expérience inédite (pour la plupart d’entre nous).
Le cœur de notre foi, c’est la victoire de la Vie sur la mort.
Vous avez vu comme moi ce Pape, gravissant seul les marches de la basilique St Pierre, dans une solitude effrayante, mais combien suggestive de ce que nous vivons. Avec lui, avec Pierre, nous sommes dans la barque. Personne ne peut quitter cette barque… nous sommes tous dans le même bateau. Mais nous ne sommes pas seuls et nous pouvons crier vers Jésus : « Réveille-toi, ne vois-tu pas le péril dans lequel nous sommes plongés ? » Et il nous répond, comme à Pierre « Homme de peu de foi… » Comme à Lazare il nous dit « Viens dehors » (non, ne sors pas de chez toi bien sûr, reste à la maison ; mais ne te laisse pas engloutir par la peur, par l’inconnu, je viens pour te délier des liens de la mort).
Vous avez vu comme moi le contraste : face au rouleau compresseur de la pandémie qui recouvre le monde, le pape ne pouvait opposer que cette fragile hostie consacrée, présence du Christ ressuscité à nos côtés. Il semble dormir, comme Jésus qui ne se rend pas immédiatement au chevet de son ami. Mais il est la résurrection et la vie : croyons-nous cela ?
Nous sommes démunis, mais pas abandonnés, ridicules (aux yeux de certains) mais portés par une Espérance, peut-être un peu folle, mais solidement ancrée en Dieu. Des profondeurs de notre détresse, nous pouvons crier vers Lui, avec Lui, nous pourrons tenir bon !
Jean-Pierre Leroy
Belle méditation . Merci
En lien avec confinement et deuil, je vous recommande d’écouter via RTBF auvio l’émission » Et Dieu dans tout ça » de ce dimanche 28/3
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